MUSIQUE :

Retrouver l’esprit du Saint-Thomas – Jocelyn Daneau

19 octobre 2023 | Par internautes

En mars 2019, le populaire restaurant St-Thomas, coin George et Roi, disparaissait dans un incendie. Devenu un terrain vague, ce lieu mythique symbolise à lui seul, l’état de notre centre-ville historique.

Comment expliquer que ce terrain soit toujours vacant, lui qui est stratégiquement situé et le serait aussi, ailleurs ? La pandémie, les taux d’intérêt élevés sans oublier que la restauration est une industrie difficile, notamment dans un contexte de pénurie de personnel, n’expliquent pas tout. La réponse simple, c’est que pour l’instant, il n’y a pas d’argent à y faire.

Autre question : Est-ce que la mise en œuvre du nouveau Plan particulier d’urbanisme (PPU) pour le centre-ville (de Sorel-Tracy), qui ne contient aucun échéancier, sera suffisamment stimulant pour créer un WOW d’investissement, tel que les « bulldozers » y convergeront, notamment pour nous refaire un St-Thomas 2.0 ?

Je l’espère. Mais a priori, j’en doute. Pourquoi ?

Il faut le redire, la grande erreur stratégique des dix dernières années en matière d’urbanisme à Sorel-Tracy a été de laisser-faire le TOUT au quai Catherine-Legardeur. Le tout au détriment du développement du centre-ville (ex. : inondations répétées au restaurant La Fougasse) et de plusieurs autres secteurs de Sorel-Tracy (ex. : tiers-mondisation du boulevard Saint-Louis).

Il faut maintenant le dire, la seconde grande erreur stratégique des dix prochaines années en matière d’urbanisme est en marche. Elle est transportée par la philosophie sous-jacente du nouveau PPU pour le centre-ville. Non écrite, elle m’a sauté aux yeux en écoutant notamment, les propos du maire Patrick Péloquin accompagné de la directrice du service de l’Urbanisme, Frédérique Cloutier-Pichette (La Tribune, CJSO). Si je voulais utiliser une image péjorative, extrême et parlante, je dirais que ce plan vise à transformer le centre-ville en quartier de la go-gauche granola à saveur écolo, sauce « wokisme » couleur Québec Solidaire. Pourtant, ce PPU supporté par un document de plus de 90 pages (que j’ai lu) fait les bons constats et propose des orientations porteuses.

Loin de moi l’idée de vouloir ignorer l’impact des changements climatiques, des îlots de chaleur, de la trop grande place de l’automobile dans nos vies ou de faire l’apologie des climatosceptiques. Mais ma vision du développement du Vieux-Saurel est plus celle associée aux populaires Quartier 10/30 à Brossard, Bourbon Street à La Nouvelle-Orléans ou au centre-ville de Trois-Rivières.

Le Vieux-Saurel doit devenir un quartier dynamique et effervescent où il se passe quelque chose à longueur d’année. Il doit être accessible tant par auto, moto (neige), vélo ou par le biais d’un quai à bateau au bout de la rue George. Un quartier qui nous mettra sur la « map » au lieu de nous noyer dans un grand tout lisse et sans saveur, à l’image du bunker de la Banque Nationale.

Rares sont les villes au Québec qui peuvent se vanter d’être assises sur un trésor enfoui sous leurs pieds, entre fleuve et rivière comme c’est le cas de notre quartier historique du Vieux-Sorel. Lequel repose sur une trame urbaine unique : la configuration en carré de nos rues, à l’image du carré Royal qui remonte à l’influence britannique à partir de 1787. Il faut en prendre acte, c’est notre ADN.

J’encourage donc les membres du conseil municipal de Sorel-Tracy à s’impliquer dans une démarche systématique d’appropriation de ce PPU, afin d’en revoir la finalité et ainsi lui donner l’élan, l’esprit et la signature d’une ville ambitieuse et qui bouge, comme l’était l’excellent St-Thomas de nos souvenirs. En ce sens, dans une dizaine d’années, ils pourront fièrement dire : « J’étais-là ! ».

 

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