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16 mars 2017 | Par Luc Denoncourt
Cette semaine, l’annonce de la faillite du distributeur indépendant DEP m’a fait sursauter. Depuis 1996, DEP est un des deux grands distributeurs de disques au Québec (avec Sélect). DEP était le distributeur des compagnies de disque Spectra Musique (Patrice Michaud, Richard Séguin…), La Tribu (Les Cowboys Fringants, Les Trois Accords), Dare To Care/Grosse Boîte (Cœur de Pirate, Les Sœurs Boulay), Instinct Musique (Éric Lapointe), Vega Musique (Lynda Thalie, The Seasons), mais aussi de label indépendant comme ceux de Dany Bédar et de Christian-Marc Gendron.
Au cours des dernières années, le monde de la musique a été secoué par l’arrivée de la consommation de la musique en ligne de façon illégale mais aussi avec le streaming. Plusieurs chaines de disquaires ont écopés au fil du temps, Sam The Record Man a fermé en 2001, Music World en 2007 et HMV cette année. Mais il n’y a pas qu’au Québec que la musique a changé. Il y a quelques années sur la planète il y avait cinq grands distributeurs, Warner, Universal, EMI, Sony et BMG. En 2011, EMI a été vendu et les différentes maisons de disque distribué par cette entreprise ont signé des contrats avec d’autres. En 2008, BMG disparait pour se retrouver dans les mains de Sony.
On se retrouve donc avec trois grandes entreprises dans ce domaine.
Bien sûr, les ventes de disque ont diminué de façon catastrophique, mais j’avais envie de vous parler de diffusion aujourd’hui. Quelle est la place des artistes de la chanson au Québec dans les médias?
Dans les années 80-90 lorsqu’un artiste lançait un nouvel extrait radio, tout le Québec le savait. On avait pu le voir aux Démons du Midi, Benezra, De bonne humeur, Montréal en direct, Ad Lib, Michel Jasmin, Beau et Chaud, Chabada, la chaine Musique Plus et plusieurs autres. Mais au fil des années, les performances musicales ont perdu de leur espace à la télévision. Bien sûr, il y a toujours En Direct de l’Univers et Belle et Bum, mais les possibilités sont moins grandes maintenant. Le milieu de la télévision explique le tout par les coûts que les performances musicales demandent. Mais si le public est au rendez-vous, pourquoi s’en priver? Récemment, un artiste me confiait qu’une entrevue à Salut Bonjour avait un impact direct sur les ventes de son album sur ITunes et un autre suite à son passage à Tout le monde en parle a vu ses ventes doubler le lendemain. Il y a donc un intérêt des gens pour la musique québécoise.
En 2013, lors des Rencontres de l’ADISQ, un directeur musical d’un grand réseau de radio s’était présenté à moi en me disant à la fin: «Pour vous en région, la musique francophone c’est important.» Ma réponse fut : «Oui effectivement et ça devrait être partout comme ça.» Il n’est pas rare que des artistes me confirment avoir eu des 2-3 minutes d’entrevue et aucun extrait de leur album dans une station de radio qui les a invités. Un chanteur m’a déjà confirmé qu’il avait été invité par une station de radio majeure et qu’ils avaient diffusé un succès d’il y a 10 ans car il ne pouvait diffuser ses nouvelles chansons, leur patron ne voulait pas. Un invité me racontait récemment que sur une période d’une heure en studio, il avait parlé 2 ou 3 fois et que les gens sur les réseaux sociaux étaient très déçus de ne pas entendre plus l’invité qu’ils aiment. Encore une fois, le public avait parlé, il voulait en savoir plus sur l’invité et découvrir son album.
Auparavant, lorsqu’un artiste partait en tournée, le public connaissait déjà deux ou trois chansons ou encore l’album en entier. Maintenant, il arrive fréquemment que les gens découvrent l’album lors du spectacle et l’achète à la toute fin. Plusieurs personnalités du milieu m’ont mentionné vendre beaucoup de disques à la fin de leur show.
Le vendredi lors d’À Deux C’est Mieux et un lundi soir par mois lors de Studio 101, les artistes apportent, parfois, leur disque pour vendre au public sur place. Il n’est pas rare que plusieurs albums soient vendus sur place, car les gens présents ont découverts des artistes et leurs albums et on envie d’en entendre plus à la maison. De plus, ils n’ont pas réussi à trouver les albums en question ni dans notre ville et pas tellement plus dans les grandes villes voisines.
Heureusement il y a encore aux quatre coins de la province, certaines radios qui offrent une place de choix aux artistes québécois. Il y a aussi les médias traditionnels tels que les quotidiens et les magazines, mais aussi plusieurs sites Internet qui diffusent des entrevues avec les artistes lors de leur sortie d’album et qui leur offre ainsi un rayonnement très intéressant et surtout ultra important.
Est-ce que si la musique québécoise et ses artistes se rendaient un peu plus, les disques se vendraient plus? On ne détient pas la réponse, mais une chose est sûre cette visibilité ne pourrait pas nuire.
Merci de m’avoir lu encore une fois cette semaine…Un autre texte la semaine prochaine.
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