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4 septembre 2017 | Par Myriam Arpin
7h15…
Je me suis couchée à minuit trente hier après une journée complète en pyjama à ne rien faire. C’était un dimanche froid et pluvieux, le genre de dimanche qui nous rappelle que l’automne est en train de s’installer bien comme il faut.
Ce matin, à mon levé, le soleil était radieux. Après la pluie vient le beau temps comme on dit.
C’est le premier lundi depuis près de 2 mois où je pouvais me lever plus tard que 4h du matin. À 7h15, j’aurais presque pu courir le marathon. Tu m’aurais dit ça il y a deux mois, je ne t’aurais pas cru.
Il y a quelques semaines, à la fin du mois de juin, j’ai reçu un coup de fil de Jean Lemay qui me demandait si je pouvais animer pendant 8 semaines l’émission du matin cet été. Sur le coup, j’ai dit oui tout de suite sans y penser. Je me suis dit : « Bah, je l’ai fait en 2002 quand je suis entrée à CJSO, y’a rien là » …
J’ai raccroché tout en réalisant ce qui venait de se passer. Pendant 2 minutes, je suis restée planté là, devant mes chats, à me dire : « Qu’est-ce que je viens de faire là. Je viens de laisser tomber toutes mes journées de congé pour aller faire de la radio cet été et me lever à 4h du matin. Je suis folle ». J’ai téléphoné à mon chum, comme je fais toujours, pour lui parler de tout ça, un peu paniquée. C’est toujours ce que je fais. Je lui ai dit que ça n’avait pas de sens, que j’étais beaucoup trop fatiguée de mes derniers mois, que j’avais quelques tournages à la télé à faire pendant l’été, blablabla et blablabla… Lui, de répondre : « Tu dois le faire, c’est important et tu es capable ». Parce qu’il le savait lui que j’avais la chienne plus qu’autre chose aussi. Classique réaction de ma part à tout changement. Il le savait que je ne serais plus la même après l’été.
Finalement, juillet s’est pointé le bout du nez tout comme mes premiers jours de congé. Le 10 juillet est arrivé rapidement aussi. Le 9 au soir, j’ai mis mon réveil à 4h du matin (j’ai placé 3 alarmes pour être certaine de ne pas passer tout droit), j’ai fait confiance à la vie, je connaissais la séquence de l’émission et un peu ce que je devais faire. De plus, j’avais animé le matin pendant plus de deux mois, en 2002, et j’avais survécu. Ça ne me semblait pas si pire… D’autant plus que ce n’était pas la première fois que j’animais à la radio en 15 ans, non?
Le réveil a été brutal. Un peu comme si on m’avait littéralement poussée en bas du lit… 75 secondes plus tard, j’étais debout en train de me préparer. Un peu de maquillage, mise en pli rapide, préparation du lunch, etc. Le temps passait beaucoup trop vite. Les deux yeux dans le même trou avec ma grosse veste de laine et le chauffage dans le tapis (vive l’été 2017), je suis arrivée à CJSO sachant que je devais préparer une revue de presse… Chose que je n’avais pas faite depuis 15 ans. Je ne savais pas trop où commencer, je n’avais pas suivi l’actualité depuis des lunes. J’ai renoué avec Le Devoir. Le temps a filé à une vitesse folle, je n’avais même pas pris une gorgée de café que le thème d’émission commençait déjà. Je me suis lancée dans le vide, perdue, un peu comme une débutante. À 9h, j’étais épuisée, je n’avais même pas eu le temps de réaliser ce qui venait de se passer et surtout de comprendre la séquence de l’émission…
Il faut dire que le samedi, à Pop et Rock, tout est relax. J’ai monté l’émission en conséquence, tout me ressemble de A à Z et je suis seule à l’animation. Là, je débarquais dans l’émission de quelqu’un d’autre. De plus, le matin, tout est bien structuré et tout doit arriver dans un temps précis. Les nouvelles doivent arriver à l’heure pile, ça, je l’ai appris (merci Bijouterie Kitner de nous rappeler qu’il est 8h!). Les sonores du journaliste doivent être prêts à temps, les invités ne doivent pas parler trop longtemps sinon ça retarde tout. Tu dois déjeuner et prendre ton café à telle heure sinon les souhaits d’anniversaire vont arriver et tu vas manger froid (si tu as la bonne idée de te faire deux toasts beurre de pinottes)… Bref, tout réglé au quart de tour. Tu vois le genre? Tu dois être réveillé et être concentré parce que sinon, ça ne fonctionne pas.
Je ne suis totalement pas une fille du matin. Ça me prend une bonne heure pour réaliser que je suis en vie le matin habituellement. Là, en même pas 5h, je venais de vivre un tourbillon et ma journée était faite comme on dit. J’ai eu le vertige et je me suis demandé si je pouvais passer au travers.
Après une semaine, j’avais réussi à m’adapter… Sauf à la sonnerie de mon réveil! J’ai compris que le maquillage n’était plus mon ami. Que les vêtements mous et la couette sur le bout de la tête, c’était le « must » du matin pour se sentir bien. Et j’ai réalisé finalement que la préparation d’une émission du matin, ça commence la veille, tout de suite après l’émission et ensuite, vers l’heure du souper… Préparer les éléments du lendemain, faire le tour des grands titres de la journée, préparer le déjeuner et les vêtements du matin, refaire le tour des actualités au lieu d’écouter son émission préférée avant d’aller dormir… Ça prend de la discipline tout ça d’autant plus que tu dois te coucher tôt…
Se coucher tôt… Quand j’avais 22 ans, je pouvais me coucher à minuit et à 4h du matin j’étais presque « top shape ». À 37 ans, ben c’est autre chose. Tu veux profiter de ton été, mais t’es heureux tout de même de te coucher en même temps ou avant l’enfant de 10 ans de ton chum, vers 20h30-21h. Le vendredi, tu t’endors à 22h, t’es réveillé trop tôt le samedi… Le dimanche, tu ne t’endors pas parce que tu t’es couché plus tard le samedi… Joie.
J’ai donc appris que je n’étais pas une personne très disciplinée dans la vie. Oui, je suis une employée fiable, qui arrive à l’heure et qui fait ce qu’elle a à faire… Mais je me suis rendu compte que je n’étais pas habituée à avoir une routine. Ç’a été long avant que je m’y fasse et même encore… J’ai peut-être compris pourquoi j’avais 3 emplois finalement et pourquoi ma vie était tout sauf tranquille!
J’ai appris que j’aimais suivre l’actualité beaucoup plus que je le pensais. J’ai fait un an de presse écrite à l’école, on m’a montré comment faire des nouvelles pour un journal et pour la radio, mais je n’avais jamais vraiment exploré de près ce domaine. J’ai vraiment appris plusieurs choses aux côtés de Jean-François, notre journaliste de l’été. J’ai même eu du plaisir à parler de sports, à dire des noms en chinois imprononçables et à suivre Denis Shapovalov, la sensation de l’été!
J’ai presque appris les paroles de Despacito et de Coco Câline par cœur… Elles vont avoir marqué mon été 2017 à jamais… J’ai appris que je pouvais avoir des fous rires incontrôlables devant une dinde noire à la télé ou tout simplement parce que des gens lavaient des vitres… Tout ça m’a fait du bien parce que c’est très rare que je perds le contrôle…
J’ai appris à vivre avec mes faiblesses (gros travail d’acceptation de soi) et à faire rayonner mes forces plus que jamais.
J’ai appris à décrocher. Oui. C’est ce que j’ai appris de plus important.
Depuis plusieurs années, entre mes tournages à la télé l’été, je passais le plus clair de mon temps libre à penser à mon automne et à avancer quelques dossiers importants… J’étais épuisée à la rentrée et je revenais plus stressée que jamais.
La radio m’aura appris à vivre au jour le jour et à prendre du temps pour moi, tous les jours. Je n’avais pas le choix de toute façon. J’ai appris qu’il y avait autre chose que le stress et la performance. Que la vie pouvait être zen, joyeuse et douce parfois. J’ai réalisé que ce rythme de vie pouvait me plaire aussi. Je pense que tout ça teintera le reste de mon année. Du moins, je l’espère fortement… Je reviens donc en force et plus reposée que jamais. Avec l’intention, par contre, de faire les choses à ma manière, dans le calme et le bonheur parce que j’y ai pris goût.
Je vais me souvenir longtemps de cet été 2017… Il y a 15 ans, lorsque j’ai animé mon premier show du matin, je ne connaissais rien de la vie, tous les espoirs étaient permis et j’avais réellement des croûtes à manger… 15 ans plus tard, j’ai évolué certes, mais j’avais besoin d’un petit quelque chose pour me faire avancer à nouveau…
Merci à Jean, Laurent et Valérie qui m’ont fait confiance à CJSO. C’est un grand privilège de pouvoir accompagner les gens dans leurs débuts de journée. Merci à Jean-François Desaulniers pour sa rigueur et sa passion. Merci à Doris Pettigrew pour la complicité retrouvée et ses suggestions vins (elle était là il y a 15 ans elle aussi) et à Louis-Philippe Morin pour son humour. Merci à Annie Bourque pour tout ce qu’elle est. C’est une personne entière, elle déplace de l’air, elle est franche et généreuse. J’adore ce genre de personnes puisqu’il n’y a pas de zones grises dans la relation. Merci aux auditeurs qui m’ont accueilli les bras ouverts et qui ont participé avec bonheur à mon fameux concours de la chanson mystère. On a tellement ri ensemble! Merci à ceux et celles qui me téléphonaient pour me dire des mots gentils ou qui me racontaient leurs vies. J’ai reçu de belles confidences. Merci aux inconnus qui ont pris le temps de m’écrire de jolies choses aussi. C’est précieux… Vous ne savez pas à quel point! Surtout, quand la confiance n’est pas facilement au rendez-vous pour soi-même. Merci aux gens qui passaient sur la rue du Roi le matin et qui me saluaient. J’avais vraiment l’impression de faire partie de vos vies. Entre temps, j’ai pu animer aussi quelques émissions du Festival de la Gibelotte, un rêve que je caressais depuis mon entrée à CJSO en 2002.
Les plus belles surprises arrivent sans qu’on s’y attende. J’ai appris ça au cours de la dernière année. Celle-ci demeure l’une des plus belles depuis longtemps.
Je vous retrouve à Pop et Rock, dès le 16 septembre. Serez-vous au rendez-vous?
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